Au son de l’internationale…
Nous publions dans cette article un
compte rendu de la conférence puis le rapport introductif de Georges
Gastaud devant la conférence du PRCF sur les questions internationales.
Nous publierons les discours des délégués étrangers au fur et à mesure
qu’ils nous parviendront. Un numéro spécial d’Etincelles publiera
l’ensemble des messages et interventions.
SUCCÈS ÉCLATANT de la 1ère CONFÉRENCE INTERNATIONALE du PRCF
Malgré quelques coups bas dérisoires de
dernière minute*, la première conférence du PRCF sur les questions
internationales a été un grand succès, tant du point de vue des contenus
développés que du point de vue de l’ambiance extrêmement chaleureuse,
fraternelle et internationaliste de cette
première rencontre internationaliste présidée et animée par Pierre
Pranchère, Léon Landini, G. Gastaud, A. Manessis et V. Flament.
Que soient chaleureusement remerciés tous les militants qui se sont
donnés sans compter pour le succès politique et organisationnel de cette
conférence.
Il ne peut être question, dans ce
premier aperçu, de donner un compte-rendu exhaustif des travaux de cette
conférence qui, outre le reportage à paraître dans Initiative
communiste et la publication des textes prononcés sur le tout nouveau
site informatique du PRCF, donnera lieu à un numéro spécial de la revue
Etincelles ; le rapport de Georges Gastaud, détaillant les vues propres
du PRCF sur l’issue révolutionnaire à apporter à la crise systémique du
capitalisme plombée par la crise explosive de l’euro, la dialectique de
l’internationalisme prolétarien et du patriotisme populaire permettant
d’articuler dynamiquement les « quatre sorties » (de l’euro, de l’UE, de
l’OTAN et du capitalisme) dans le cadre d’un large front populaire,
patriotique et internationaliste, la réflexion sur les tâches du
Mouvement communiste international et sur le traitement dialectique des
contradictions en son sein, a été écouté avec une grande attention par
les délégués français et étrangers, ainsi que les appels passionnés de
l’orateur à l’unité d’action des communistes en France (étaient présents
ou représentés par des messages d’amitié et d’analyse, les camarades de
« Réveil communiste », de la Gauche communiste, du réseau « faire vivre
et renforcer le PCF », des sections PCF de Douai et de Vénissieux, de
Rouges vifs-Paris, d’Action communiste de Normandie).
Concernant les participants étrangers,
ont défilé à la tribune, souvent interpellés par des questions de la
salle auxquelles ils ont répondu de manière fraternelle, les
représentants du Front populaire de Libération de la Palestine, du PC
Danois, du PC de Pologne, du cercle communiste Julien Lahaut de
Belgique, de la KSM (JC communiste de Tchéquie), du PC de Croatie, du PC
des Peuples d’Espagne, du PC marxiste-léniniste de Grande-Bretagne, du
PCUS (Russie et CEI**), du CSP-PC (Italie), du PC de Suède, du PADS
(Algérie), du Parti Sadi du Mali, du PC de Cuba représenté par M.
l’ambassadeur de Cuba, du Front populaire tunisien, de l’EMEP (Turquie),
du FRUD (Djibouti), de la Marche patriotique de Colombie. Avaient
adressé de très chaleureux messages le PC d’Israël, le PC des ouvriers
de Hongrie (que le gouvernement fasciste hongrois veut forcer à changer
de nom), la Jeunesse populaire de Pologne, le PC de Russie, Miguel
Urbano Rodrigues, ancien député communiste portugais au Conseil de
l’Europe, le PC d’Irlande, le Parti socialiste populaire du Mexique, le
PC brésilien, le PC du Mexique, le comité Ernst Thälmann d’Allemagne,
l’ABW-KPD d’Allemagne, le World Workers Party des USA, la philosophe
Virginia Fontes, le Front polisario… De premiers contacts fructueux ont
été pris avec le PC allemand, avec la Gauche radicale d’Afghanistan,
avec le PC du Népal. Etaient également présentes sur place ou
représentés par un message d’amitié l’Association d’amitié
franco-coréenne, Cuba si France, les Antifascistes italiens, les Amis
des républicains espagnols. Grand moment d’émotion quand l’hymne cubain
et l’hymne soviétique – avec les paroles d’origine – ont été écoutés par
toute la salle debout, ou lorsque les Français ont chanté « Ma France »
de Ferrat. Condamnation unanime également du soutien apporté par
Hollande aux forces communautaristes et djihadistes « syriennes »
télécommandées par le Qatar, l’Arabie séoudite et la CIA. Grands
moments d’émotion aussi quand la conférence a salué le camarade polonais
Zbigniew Wiktor, persécuté par la réaction pour sa fidélité au
communisme, la JC tchèque, qui tient haut le drapeau rouge malgré les
tentatives d’interdiction, les patriotes du Mali – qui ont montré que
l’intervention de Hollande vise moins à réunifier le Mali qu’à
pérenniser le séparatisme du nord sous protectorat français – , le
FPLP, dont plusieurs dirigeants sont dans les prisons israéliennes,
Mumia Abu-Jamal, ou la mémoire du président Chavez. Très chaleureux
moments aussi de fraternité internationaliste quand les camarades du
PCPE, du PC italien, de Russie, etc. ont entonné dans leur langue, à
côté des Français, l’Internationale, ou les chants révolutionnaires de
leurs pays respectifs.
Il apparaît de plus en plus que les
tentatives multiples, de droite comme « de gauche », pour briser la
dynamique du PRCF, sont vaines et vouées à l’échec. Après le succès du
stand PRCF à la fête de l’Huma, l’engagement remarqué du PRCF sur des
bases 100% anti-UE dans la manif du 30 septembre contre la « gouvernance
européenne », les efforts conjoints du PRCF et d’autres organisations
communistes UNITAIRES pour s’adresser à la classe ouvrière en lutte, le
travail commun du PRCF avec des patriotes non communistes (mais non
anticommunistes) pour sortir la France de l’UE par la voie progressiste,
après le succès éclatant du meeting du 2 février 2013 place de
Stalingrad, à l’approche des Assises du communisme auxquelles des
militants du PRCF sont prêts à participer dans un esprit fraternel,
l’heure est à la confiance dans l’unité d’action des communistes, dans
l’unité des progressistes anti-UE, dans l’unité internationale des
forces communistes et anti-impérialistes contre les guerres
impérialistes, contre l’Europe impériale et contre le capitalisme en
phase dégénérative aigüe.
Présents sur tous les terrains, une
délégation du PRCF, accompagnée par des délégués communistes étrangers,
s’est ensuite rendue à la manifestation du Front de gauche, non pas pour
suivre le mot d’ordre inconsistant de « 6ème République » (dans le
cadre de l’Union européenne dictatoriale !!!), mais pour interpeller
fraternellement les manifestants sur la nécessité de la quadruple
rupture (euro, UE, Otan, capitalisme).
Le temps des affrontements de classe
revient en France face au bilan tragiquement régressif des Hollandréou
et des Zapat-Euro français. Plus que jamais, union et action pour
affronter l’oligarchie capitaliste, briser la tenaille politique de
l’UMPS et de l’UM’Pen, et sortir notre pays de l’UE avant que ne soient
arasés les acquis civilsationnels de la Révolution française, du Front
populaire, du Conseil National de la Résistance et de la grande grève
ouvrière de Mai 68.
*
Certaines attaques dérisoires de dernière minute émanaient même de
prétendus révolutionnaires dont l’inactivité sur le terrain n’a d’égale
que la volonté, heureusement vaine, de nuire à autrui…
** le
PRCF n’est nullement engagé, faut-il le dire, par l’intervention
personnelle, faite à partir de la salle, d’une participante d’origine
russe qui a trouvé certaines vertus patriotiques à Poutine et à laquelle
le délégué du PCUS a très courtoisement, mais très fermement répondu.
Une chose est de défendre la Russie contre l’ingérence et l’encerclement
de l’impérialisme occidental au nom du droit des nations à disposer
d’elles-mêmes, une autre de cautionner le régime anticommuniste en place
: et pour le PRCF l’internationalisme prolétarien, la solidarité de
classe des communistes, prime en toutes circonstances.
Paris, 4 et 5 mai 2013 – 1ère conférence du PRCF sur les questions internationales
Introduction de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF
Introduction
Chers amis et camarades étrangers et français,
A l’occasion de cette 1ère conférence du
PRCF sur les questions internationales laissez-moi d’abord remercier
les amis de France et de l’étranger qui nous font l’honneur d’être
présents ici en ce moment de l’histoire mondiale où la crise du
capitalisme, qui se double d’une crise de légitimité de l’Union
européenne et d’une crise politique de plus en plus explosive en France
même, appelle plus que jamais la solidarité des forces communistes et
anti-impérialistes à l’échelle de la France, de l’Europe et de la
planète entière.
Je voudrais d’abord préciser dans quel
esprit le PRCF aborde cette conférence. Composante modeste mais active
du Mouvement communiste français et international, le PRCF ne se prend
pas pour le Parti communiste de France, même s’il considère qu’il est un
ferment essentiel de la renaissance de ce parti aujourd’hui carent. Le
PRCF ne conçoit donc pas la présente conférence comme un séminaire
international de prestige mais comme un lieu d’échange fraternel
permettant de confronter les analyses de manière constructive, en
rejetant à la fois l’alignement sur des positions définies a priori et
l’excommunication de ceux qui ne penseraient pas de manière conforme.
Comme aimait le répéter Lénine en citant Hegel, « la contradiction est
la racine de toute vie et de tout mouvement » et il serait triste que le
Mouvement communiste international, oubliant la dialectique, refuse de
confronter librement les points de vue divers qui peuvent apparaître en
ses rangs, y compris parfois entre ceux qui refusent le carcan
opportuniste du Parti de la Gauche Européenne et qui continuent de se
référer au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien.
Pour autant, le PRCF est porteur d’une
ligne claire, héritière des principes qui guidèrent le 7ème congrès de
l’Internationale communiste et qui firent de la classe ouvrière l’axe
d’une large front antifasciste et anti-impérialiste grâce auquel le camp
socialiste s’était décisivement élargi en 1945, à la suite de la
victoire soviétique sur Hitler. Pour nous, le rôle des communistes n’est
ni de suivre la bourgeoisie, comme l’a toujours fait la
social-démocratie et comme le fait aujourd’hui la direction du PCF en
soutenant la « construction européenne », ni de cultiver ce que Marx
appelait, dans ses réflexions sur la Commune de Paris, le « solo funèbre
de la classe ouvrière ». Le rôle du parti communiste, celui du
Mouvement communiste mondial, est d’unir les forces progressistes contre
l’oligarchie capitaliste, d’isoler l’ennemi principal, de construire de
vastes dynamiques populaires permettant de préparer la révolution
socialiste, non pas en paroles mais en pratique.
Ne craignons donc pas de débattre sans
œillères. Nous vivons dans des conditions souvent très différentes, dans
des pays impérialistes ou dans des pays dominés, au cœur de l’Europe
impérialiste ou à sa périphérie. Il est illusoire d’espérer que notre
accord politique pourrait être immédiat. Il doit au contraire se
construire sur la base de notre théorie commune, le marxisme-léninisme,
de notre référence commune à la classe ouvrière, de la prise en compte
de nos situations nationales respectives, et surtout, surtout, nous
devons tous nous inspirer du sentiment profond qui anime tous les
communistes, celui de l’égalité entre les partis communistes, partant,
de leur respect mutuel, du refus de s’ingérer dans les affaires internes
d’un autre parti, de la solidarité de combat contre l’impérialisme.
Je diviserai mon exposé en trois étapes.
Je brosserai d’abord le tableau de la situation mondiale qui résulte de
la crise systémique du capitalisme. J’insisterai ensuite sur le
potentiel révolutionnaire des affrontements de classes dans l’Union
européenne et j’indiquerai comment, sur ces bases, le PRCF propose une
stratégie de masse pour le peuple de France. Je terminerai par une
réflexion sur le devenir du Mouvement communiste international.
I – QUELLES REPONSES A LA CRISE DU CAPITALISME MONDIAL
a) La contradiction capital-travail s’aiguise.
Malgré la contre-révolution des années
80/90, la tendance principale de notre temps reste au creusement de la
contradiction principale entre le travail et le capital, entre les
peuples opprimés et l’impérialisme. La mondialisation néolibérale, cette
stratégie du capital financier pour répondre à la baisse tendancielle
du taux de profit, reconquérir l’espace concédé au travail depuis 1945,
pour liquider l’expérience socialiste mondiale ouverte par Octobre 17
puis par Stalingrad, pour abattre les régimes anti-impérialistes
existant de par le monde, n’a nullement atténué la contradiction
explosive entre la tendance objective de notre monde à la socialisation
des forces productives et l’appropriation monopoliste privée des sources
de la richesse. Jamais sans doute autant qu’aujourd’hui le pouvoir et
la richesse n’auront été concentrés entre si peu de mains quand on voit
que les 300 plus grandes fortunes mondiales privées pèsent autant que
les deux milliards d’humains les plus pauvres. Jamais en conséquence,
les conditions de passage de l’humanité du capitalisme au communisme,
via la conquête du pouvoir par la classe ouvrière, la socialisation des
moyens de production et la dictature du prolétariat, n’auront été si
pressantes. Pour faire face à la montée des inégalités, qui génère
partout la paupérisation des travailleurs, le délitement du lien social,
la montée de la violence et de l’inhumanité, pour résoudre avant qu’il
soit trop tard les crises écologiques suscitées par la course au profit,
pour en finir avec les guerres impérialistes qui peuvent à tout moment
dégénérer en guerres mondiales, pour stopper la fascisation politique
par laquelle les oligarchies répondent à la crise de la démocratie
bourgeoise, il faut plus que jamais le socialisme pour chaque peuple dans la perspective du communisme pour toute l’humanité. Comme le disait Marx dans un passage fameux du 18 Brumaire de Louis Bonaparte,
« … pour que la révolution d’un
peuple, et l’émancipation d’une classe particulière de la société
bourgeoise coïncident, pour qu’une classe représente toute la société,
il faut au contraire que tous les vices de la société soient concentrés
dans une autre classe, qu’une classe déterminée soit la classe du
scandale général, la personnification de la barrière générale. Pour
qu’une classe soit par excellence la classe de l’émancipation, il faut
inversement qu’une autre classe soit ouvertement la classe de
l’asservissement ».
Cette « classe du scandale général »,
c’est aujourd’hui l’oligarchie financière, flanquée de ses alliés du
latifundium semi-féodal, notamment au sein du monde dominé. Quant à la
« classe de l’émancipation générale », elle reste plus que jamais le
prolétariat mondial avec en son cœur la classe ouvrière industrielle,
minière et rurale. Même si l’idéologie dominante veut nous faire oublier
cette vérité dans nos pays occidentaux méthodiquement
désindustrialisés, le poids du prolétariat mondial s’accroît
relativement et absolument, celui des ouvriers aussi si l’on prend les
choses à l’échelle globale. Et il me plaît aujourd’hui de dire toute
notre solidarité admirative avec la jeune classe ouvrière du Bangladesh,
qui affronte à mains nue la répression, comme le font chaque jour les
jeunes ouvriers des industries chinoises de la Côte Est, et comme l’ont
fait hier les prolétaires roumains de Renault-Dacia. Les capitalistes
croyaient échapper aux conflits de classe en cassant l’industrie de nos
pays, mais c’est désormais le prolétariat des pays d’Orient qui passe à
l’offensive et rend ainsi plus ardue l’entreprise mondiale de mise en
concurrence des salariés sur le moins-disant social. Jamais donc le mot
d’ordre de Marx « prolétaires de tous les pays unissez-vous » n’aura eu
une telle vertu propulsive à l’échelle planétaire.
b) Évitons toutefois de tomber dans un optimisme excessif au regard des dangers qui nous cernent.
Certes la crise mondiale du capitalisme
ne cesse de s’aggraver : à peine sorti de la prétendue « crise des
subprimes » de 2008, le capitalisme est entré dans un nouveau cycle
malsain qui menace le monde d’une récession mondiale avec la récession
de la zone euro et certains signes de ralentissement de la croissance
chinoise et indienne. En Europe, la crise de la zone euro plombe
l’économie mondiale. Malheureusement, malgré les luttes qui ont agité la
Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, et qui ont fortement secoué la
France en octobre 2010, nous vivons à l’échelle internationale, et de
manière inégale selon que nos pays respectifs sont ou pas dotés d’un
parti communiste capable d’entraîner les masses, une véritable crise de l’avant-garde ainsi que, à l’échelle mondiale, une crise de l’hégémonie culturelle prolétarienne et progressiste.
Nous le savons, pour faire la révolution, il ne suffit pas d’une
situation objectivement révolutionnaire où, selon le mot de Lénine,
« ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant et où ceux d’en
bas ne veulent plus être gouvernés comme avant ». Il faut aussi, pour
que la classe ouvrière devienne ce que Marx appelle le « représentant
général de la société », et pas seulement une classe souffrante et
repliée sur elle-même, un parti communiste armé d’un programme perçu
comme réaliste et rassembleur par les travailleurs et par leurs alliés
potentiels. Or ce fut le résultat le plus négatif de la
contre-révolution des années 80 et 90, années où derrière Carrillo,
Occhetto, Gorbatchev, Robert Hue, l’opportunisme et le révisionnisme
triomphaient dans le Mouvement communiste à l’exception de quelques
pôles admirables mais minoritaires, que d’avoir détruit ou dénaturé les
partis communistes en propulsant l’ennemi de classe à la tête
d’organisations censées défendre les travailleurs. L’objet de la
présente conférence n’est pas de définir de manière approfondie les
facteurs historiques qui permirent d’abattre le camp socialiste. Pour
nous PRCF, ces causes sont à la fois internes et externes, le vieil
opportunisme interne catalysant la pression impérialiste externe et
celle-ci créant les conditions pour qu’émerge, à la direction même du
PCUS, le groupe ouvertement liquidateur d Gorbatchev. Pour n’insister
que sur un point, le PRCF souligne la dimension exterministe de l’impérialisme contemporain ;
en effet, dès les années Reagan, la réaction occidentale s’exclamait
« plutôt morts que rouges ! » et admettait en principe que, pour abattre
le prétendu « totalitarisme soviétique », l’Occident devrait préparer
la guerre nucléaire au risque de prendre en otage toute l’humanité. Or
la réponse social-pacifiste de Gorbatchev revenait à valider
l’exterminisme occidental puisqu’au slogan plutôt mort que rouges, les
capitulards gorbatchéviens répondaient « plutôt pas rouges que morts ».
Cela en dit long sur le contenu réactionnaire de la remondialisation du
capitalisme consécutive au démontage du camp socialiste, vite suivi par
la reconstitution d’une Grande Allemagne réactionnaire, par le
dynamitage sanglant de la République fédérative socialiste de
Yougoslavie et par la mise en place d’une Europe impériale dirigée par
l’Axe Washington-Berlin, avec Paris en couverture.
c) Aujourd’hui, cette mondialisation néolibérale – qui constitue la forme continentalisée et mondialisée du capitalisme monopoliste d’Etat – vise clairement plusieurs cibles:
* d’abord, le mouvement ouvrier mondial, que
la politique patronale de moins-disant social mondial voudrait
entraîner dans une dynamique de capitulation et d’esclavage à la traîne
de la social-démocratie ou de mouvements trotskistes qui idéalisent la
mondialisation et acceptent le cadre vicié de l’Union européenne ;
* ensuite l’ensemble des nations souveraines
et pour commencer, celles qui avaient si difficilement conquis leur
indépendance face aux colonisateurs grâce à l’appui des pays
socialistes. C’est le cycle entamé, dès la chute de la RDA, des guerres
impérialistes à répétition qui, sous divers prétextes, ingérence
humanitaire, lutte antiterroriste, défense de la démocratie, ont pour
but réel de recoloniser les pays fraichement émancipés dans une
perspective de pillage des ressources minières. Face à ce type de
guerre, les communistes, et particulièrement ceux des pays agresseurs,
comme l’est la France impérialiste, doivent réapprendre les vertus du
défaitisme révolutionnaire ! A bas les interventions françaises
impérialistes, qu’elles émanent du fascisant Sarkozy ou du
« socialiste » Hollande, que ce soit en Libye, au Mali, en Syrie. La
défaite de l’agresseur est nécessaire, non seulement au peuple agressé
par l’impérialisme français, mais au peuple français lui-même dont
chaque pas en avant de sa bourgeoisie impérialiste strangule un peu plus
la souveraineté nationale. Car jamais les patriotes que nous sommes ne
confondront le peuple français, qui vit actuellement une crise nationale
potentiellement mortelle, avec ses indignes dirigeants qui agressent
d’autant plus les peuples du Sud qu’ils détruisent la nation française à
domicile. Bref, il n’y a aucune contradiction entre la phrase de
Liebknecht qui déclarait « der Hautpfeind ist in eignem Land » (l’ennemi
principal est chez toi !) et celle d’Engels pour qui « un peuple qui en
opprime un autre ne saurait être libre ».
Dans ces conditions, il ne saurait y
avoir de contradiction entre patriotisme et internationalisme, pourvu
qu’on ne confonde pas le patriotisme populaire,
c’est-à-dire l’amour que tout homme sain porte à son peuple, avec le
nationalisme réactionnaire, cette arme servant aux classes dominantes
pour opposer les peuples, et qu’on ne confonde jamais non plus
l’internationalisme prolétarien avec le cosmopolitisme capitaliste, avec
le supranationalisme européen, c’est-à-dire avec l’étranglement des
nations souveraines par le capital financier.
Encore faut-il préciser qu’au PRCF nous
rejetons les conceptions modernisés de l’ « hyper-impérialisme » issu de
Kautsky et Hilferding. Même s’il y a, contre les peuples, des
cartellisations transitoires de forces entre capitalistes, capitalistes
allemands et capitalistes américains unis pour piloter l’Europe,
capitalistes allemands et capitalistes français complices pour tondre
Chypre et la Grèce, impérialistes de l’OTAN complices pour écraser les
peuples de l’est et du sud, etc., ces ententes sont précaires. L’inégal
développement subsiste et ravive périodiquement les tensions
inter-impérialistes. Il ne faut donc pas tomber dans la conception
abstraite du révisionniste de gauche Negri, d’un impérialisme mondial
unique écrasant une « multitude » indifférenciée, ce qui revient à nier
le rôle dirigeant de la classe ouvrière et à laisser les impérialistes
bafouer à leur aise le droit des nations à disposer d’elles-mêmes.
d) Face à cette mondialisation impérialiste, qui est notre ennemi planétaire commun, sur quelles résistances pouvons-nous miser ?
*
Nous avons déjà évoqué le rôle de la classe ouvrière ; nous sommes
persuadés que la situation de défensive actuelle, qui a été favorisée
par la casse de l’industrie socialiste à l’est et par la politique de
désindustrialisation à l’ouest, est déjà en train de s’inverser : nous
l’avons vu, de la Chine au Bangladesh en passant par les pays émergents
d’Amérique latine, les luttes ouvrières s’étendent et appellent un
internationalisme prolétarien de nouvelle génération fédérant les
ouvriers du nord, de l’est et du sud contre les transnationales. Là est
la base objective d’une renaissance du syndicalisme de classe mondial et
au-delà, d’un grand Mouvement communiste se projetant sur l’avenir sans
oublier ses racines ;
* Evoquons
aussi les pays qui défendent l’option socialiste et à la tête desquels
nous plaçons Cuba. On ne dira jamais assez le mérite historique de Cuba,
avec à sa tête le PCC et Fidel, qui a uni les deux drapeaux du
patriotisme et du socialisme au plus fort de la vague
contre-révolutionnaire et qui a permis par la suite à l’espérance
progressiste de reprendre pied avec la passionnante expérience de
l’Alternative bolivarienne des Amériques… Tout d’abord, nous voulons
vous dire, camarades cubains, que, nous qui peinons à reconstruire en
France un PC digne de ce nom, nous ne vous donnerons aucune leçon
concernant la voie que vous explorez actuellement dans le cadre du poder
popular et de la propriété sociale des grandes entreprises. A vous de
trouver la voie la plus efficace quitte parfois à reculer tactiquement
si vous l’estimez utile, en appelant recul un recul et avancée une
avancée. Concernant le Venezuela, nous nous inclinons devant la mémoire
d’Hugo Chavez. Certes nous partageons les critiques constructives qu’a
maintes fois formulées le PC vénézuélien sur le processus bolivarien.
Certes, nous pensons qu’il n’y aura pas de « socialisme du 21ème
siècle » sans rôle dirigeant de la classe ouvrière dans l’économie et
la vie politique. Mais la réaction mondiale ne s’y trompe pas qui s’est
aussi bruyamment réjouie de la mort de Chavez qu’elle a pleuré celle de
la sorcière Thatcher ou qu’elle encense aujourd’hui la nouvelle Thatcher
européenne Angela Merkel. Tu n’étais pas communiste, commandante Chavez
mais un chrétien de progrès : mais tu étais de notre camp, le camp
anti-impérialiste, et nous comprenons que le PCV se soit allié à toi
sans dogmatisme en sachant qu’à chaque étape, il s’agit d’isoler
l’ennemi principal pour créer les conditions de la révolution et de la
dictature du prolétariat. Et aujourd’hui, nous considérons que l’ALBA,
malgré ses limites, nous fournit une arme idéologique en Europe même,
pour opposer à l’Europe supranationale un cadre international
progressiste articulant souverainetés et coopération entre Etats à
l’extérieur du libre-échange prédateur de l’OMC.
S’agissant encore des forces de résistance, comment ne pas évoquer aussi la RPDC ?
Les traditions culturelles et politiques françaises et coréennes sont
aux antipodes et avouons-le, nous sommes quelquefois surpris par le
fonctionnement de l’Etat socialiste coréen. Mais faut-il pour autant
oublier que l’Etat de Corée du Sud est fascisant sans que cela gêne
personne à l’Ouest, que c’est la Corée du nord qui propose la
réunification pacifique de la péninsule et que ce sont les USA, qui
entretiennent une armada nucléarisée à deux pas de la Chine. Non, ce ne
sont pas les éventuels défauts du régime de Pyongyang qui gênent
Washington – lequel torture à ciel ouvert à Guantanamo – ! En réalité,
ce qui est reproché à Pyongyang, c’est de vouloir maintenir l’unité du
socialisme et de l’indépendance nationale sur la ligne qui fut celle du
fondateur du Parti coréen du Travail. Alors, quand un pays se réclamant
du socialisme ose introduire un épieu dans la gueule du caïman qui veut
tous nous avaler, faisons tous feu ensemble sur le crocodile au lieu de
nous demander si le bâton est décoré aux couleurs chatoyantes qui nous
plairaient davantage !
Bien entendu, nous devons être de toutes les luttes anti-impérialistes. Au premier chef, auprès de l’admirable peuple palestinien
et, concernant le PRCF, auprès des forces laïques et révolutionnaires,
FPLP en tête. Aujourd’hui qu’Israël laisse mourir en prison les
grévistes de la faim palestiniens, nous devons accentuer notre
solidarité en ayant conscience que laisser abattre la Syrie, ce serait
laisser porter un nouveau coup à la résistance palestinienne. Quant aux
revendications politiques, il ne revient pas au PRCF d’être plus
palestinien que les Palestiniens. Si un jour les marxistes de Palestine
estimaient que l’heure est venue d’exiger un seul Etat laïque et
binational, nous n’y ferions aucune objection tant nous jugeons
sévèrement l’Etat d’Israël dont l’idéologie fondatrice est clairement
raciste et cléricale. Mais il arrive que le mieux soit l’ennemi du bien
et qu’il faille d’abord conquérir un Etat palestinien de plein exercice
et c’est dans cette direction que nous devons agir aujourd’hui pour
exiger que la France officielle retrouve pour commencer la politique
plus équilibrée en faveur des Arabes qui était celle jadis du Général De
Gaulle.
En Afrique, notre politique est celle du démontage total de la « Françafrique »,
c’est-à-dire du néocolonialisme français maintenu sur la base du
pillage des ressources africaines par le grand capital. On nous dira
qu’au Mali, par exemple, l’impérialisme français est un
moindre mal par rapport à l’intégrisme et au séparatisme. Mais tout en
appuyant à 100 % l’idée d’un Mali uni et démocratique, donnant toute
leur place aux Touaregs, et sans avoir la moindre complaisance envers
les djihadistes, nous ne pouvons oublier que c’est l’impérialisme
français, nommément son intervention en Libye contre l’indocile Khadafi,
qui a déstabilisé le Mali voisin. Bref, l’impérialisme français
ressemble au pyromane qui allume le feu, puis se fait payer par la
victime l’extinction de l’incendie qu’il a lui-même provoqué.
Ce qui m’amène directement à parler de la Syrie.
Comment comprendre, si vraiment le but de l’intervention française au
Mali est de briser l’intégrisme, que Hollande arme des rebelles syriens
téléguidés par le Qatar et l’Arabie séoudite ? Nous n’idéalisons pas le
Baath syrien mais nous considérons comme juste le positionnement du PC
syrien qui, sans cesser ses justes critiques, défend la souveraineté de
son pays après avoir vu ce que l’intervention des impérialistes a fait
de l’Irak, de la Libye et de l’Afghanistan : des champs de ruine livrés
aux prédations impérialistes et aux règlements de compte
communautaristes.
C’est pourquoi nous observons les « printemps arabes »
à la lumière de l’analyse marxiste. Après l’admirable sursaut des
peuples tunisien et égyptien, après l’écrasement sanglant de la révolte
du Bahreïn, nous refusons d’appeler « révolution arabe » n’importe quel
soulèvement fomenté par l’impérialisme pour abattre un régime
non-aligné. En réalité, nous devons appuyer toute force qui, tout en
défendant les intérêts de la classe ouvrière et de la paysannerie, tout
en revendiquant les droits démocratiques pour tous, et notamment pour
les femmes, refuse de pactiser avec l’impérialisme, refuse l’argent des
pétromonarchies et porte une ligne de développement indépendant pour
son pays.
C’est pourquoi, soutenir l’action des
progressistes iraniens pour les droits sociaux, l’égalité entre les
sexes, la liberté de pensée indépendamment du cléricalisme brutal des
mollahs, ne nous empêche pas de soutenir aussi le droit du peuple
iranien à se doter de construire un développement énergétique
indépendant. Ce n’est jamais en s’alliant à l’impérialisme, cet ennemi
principal des peuples, que l’on construira où que ce soit l’indépendance
et la liberté.
Il nous faut enfin parler des « BRICS »,
c’est-à-dire des grands pays émergents, Brésil, Russie, Inde et Chine,
dont la population additionnée n’est pas loin de former la majorité de
l’humanité. Là encore, pas d’idéalisation. Nous savons que, derrière le
verbiage social du Parti des travailleurs, le Brésil privilégie une voie
capitaliste porteuse de lourdes inégalités et nous soutenons l’attitude
oppositionnelle de nos amis du PC Brésilien.
Nous ne connaissons que trop le régime semi-mafieux, anticommuniste et
fascisant de Poutine. Sur un autre plan, nous refusons d’idéaliser la
direction chinoise dont l’orientation peut mener à la destruction de la
République populaire en exacerbant les inégalités et en exaspérant les
tensions entre les peuples de Chine, que les impérialistes exploitent
dans un sens séparatiste. Mais d’une part, les contradictions entre la
Trilatérale impérialiste, notre ennemi principal, et les BRICS qui font
partie du second cercle capitaliste et dont certains veulent devenir des
Etats impérialistes de premier plan, doivent être exploitées par les
forces progressistes. Si demain une France indépendante en marche vers
le socialisme sortait de l’Union européenne et tentait de briser l’étau
germano-yankee, il lui faudrait trouver des alliances de revers hors
d’Europe et développer ses relations avec les BRIC. C’est pourquoi dès
aujourd’hui nous combattons les tentatives otaniennes pour encercler la
Russie, voire pour menacer la Chine avec l’aide de la Corée du sud
néo-militariste. D’autant que, s’agissant de la Russie, les forces
fidèles à l’URSS sont loin d’avoir dit leur dernier mot et que,
s’agissant de l’Inde, les partis qui s’y réclament du communisme
disposent d’un ancrage ancien dans le pays. Qui plus est nous avons
enregistré avec bonheur l’avancée des forces rouges qui se réclament du
léninisme au Népal voisin.
Le cas de la Chine populaire est plus
complexe encore. Même si globalement, le pays fait mouvement vers le
capitalisme, la majorité de l’industrie reste aux mains de l’Etat, les
idées communistes issues de la Révolution de 1949 et de Mao restent une
référence pour la classe ouvrière en lutte, celle-ci jouant un rôle
politique de plus en plus indépendant ; c’en est au point que le
gouvernement chinois – pour des raisons qui tiennent moins à sa volonté
de rester fidèle au socialisme qu’à son désir de créer un marché
intérieur favorable à sa bourgeoisie nationale – est aujourd’hui traité
comme un ennemi stratégique par les Etats-Unis. Bref, concernant la
Chine, notre attitude est différenciée : nous y soutenons les forces
socialistes au sein du parti et dans les usines, nous critiquons le
mythe confusionniste du « socialisme de marché » que nous distinguons du
« socialisme avec le marché » dont parlent nos amis cubains, et nous
refusons tout soutien aux dissidents anticommunistes et séparatistes. En
un mot nous défendons tout ce qui peut permettre à la République
populaire de jouer à nouveau le rôle progressiste mondial qui fut le
sien en 1949, avant qu’elle ne tangue entre tentations gauchistes et
tentations thermidoriennes.
II – j’en viens à présent à l’analyse spécifique de l’Union européenne et à la stratégie qu’en conséquence, nous dessinons pour la France.
a) Nature de classe de l’UE – le condominium germano-US
Depuis la fondation du PRCF en 2004,
nous analysons l’UE comme un cartel impérialiste tourné contre les
travailleurs et contre les peuples souverains – y compris ceux des pays
impérialistes – contre le socialisme, contre l’Europe de l’est et
l’hémisphère sud, pour la domination mondiale en alliance plus ou moins
conflictuelle selon les moments avec l’impérialisme US. Depuis notre
fondation, au début quasi-seuls en France face à la direction
eurocommuniste, aux euro-trotskistes et à certains faux léninistes qui
ont mis dix ans à dénoncer l’euro, nous avons dénoncé le mythe
social-maastrichtien d’une « réorientation progressiste de l’Europe et
de l’euro ». Depuis 1991, nous dénonçons la nature fascisante d’une
« construction » européenne qui criminalise le communisme pour mieux
banaliser le fascisme. Tout cela a été confirmé hélas par l’adoption de
textes officiels euro-maccarthystes, comme le rapport Lindblad, ou par
la proscription des symboles et des partis communistes de la Pologne à
la Tchéquie, des Pays baltes à l’ex-RDA où des milliers de communistes
sont illégalement discriminés. Nous sommes fiers, depuis plus de vingt
ans, d’entretenir les meilleurs rapports avec les camarades tchèques,
polonais et est-allemands qui, de Zbigniew Wiktor à Vadim Gonda en
passant par Heinz Kessler, ont porté haut le drapeau rouge malgré toutes
les persécutions !
Depuis toujours, héritiers en cela de la
grande tradition patriotique et anti-atlantique de Maurice Thorez et de
Jacques Duclos, nous disons que la
seule solution pour notre peuple est de sortir de l’euro, de l’UE, de
l’OTAN PAR LA VOIE PROGRESSISTE avec en perspective la sortie du
capitalisme et la révolution socialiste. Ceux-là même
qui en 2012 encore, prétendaient avec les trotskistes que « la monnaie
n’est pas le problème » sans voir que l’euro est une arme politique aux
mains du capital, sont venus sans le dire sur les positions anti-UE du
PRCF qui d’ailleurs, ne font qu’actualiser les positions du PCF d’avant
sa mutation réformiste. Qui ne voit aujourd’hui qu’au nom de l’euro,
les eurocrates en viennent – sur pression directe de l’Allemagne
fédérale, la puissance qui, alliée aux USA, domine le continent de la
tête et des épaules – à porter le coup de grâce à la souveraineté des
nations, en plaçant sous tutelle de la Troïka l’ensemble des budgets
nationaux avec à la clé, une récession dévastatrice pour l’emploi et
pour les salaires ?
b) Étape actuelle de la stratégie de l’UE
Or aujourd’hui, justement parce qu’elle est massivement contestée par les peuples, l’intégration européenne connaît un véritable saut qualitatif. Le but du « saut fédéraliste européen »
exigé par les patrons allemands et français est de « blinder »
économiquement la monnaie unique, cette arme protectionniste au service
de l’industrie allemande qui, très habilement, ménage la domination
planétaire du dollar tout en interdisant les politiques de dévaluation
compétitive aux pays d’Europe du sud.
Mais il ne leur suffit plus désormais de
détruire les souverainetés nationales par le haut, par l’Europe
supranationale pilotée par Bruxelles et Francfort ; ils s’attaquent
désormais « par en bas » aux Etats constitués, qu’ils soient nationaux
ou multinationaux. C’est pourquoi le PRCF dénonce l’euro-balkanisation en cours des pays-membres de l’UE.
Rien qu’en 2014 sont envisagés des référendums de séparation ou de
semi-sécession en Ecosse, en Catalogne et peut-être au Pays basque.
Alliée à Berlusconi, la Lega del norte de Bossi vomit sa bile sur la
jeune république italienne. Etroitement liée à Berlin et à Washington,
la NVA flamande poursuit son projet d’ « évaporation de la Belgique ».
En France même, les nouveaux Kollabos du PS et de l’UMP étalent leur
fascination pour Berlin et pour son modèle néo-thatchérien. C’est
pourquoi le PRCF, qui ne fait pas que théoriser et parler, s’honore
d’avoir aidé à la mobilisation populaire qui a permis de battre le
récent projet d’annexion officieuse de l’Alsace à une euro-région
transfrontalière autour du Bade-Wurtemberg. Hollande est en train de
préparer l’étape finale de la décentralisation qui mettra fin à la
République une et indivisible née de la Révolution française par
laquelle tous les Français dépendaient de la même loi. De multiples
projets ciblent aussi la langue française, qu’il s’agit de destituer
pour faire place au tout-anglais européiste dans les entreprises et les
universités. Et pendant que les Etats voisins de l’Allemagne se défont
l’un après l’autre – on aurait pu parler de la manière « douce » dont a
été divisée la Tchécoslovaquie et de la manière sanglante dont a été
broyée la Yougoslavie – l’Allemagne capitaliste s’est renforcée sur des
bases contre-révolutionnaires en annexant la RDA et en satellisant
l’Europe de l’est, pays baltes compris où sévissent de francs
nostalgiques du IIIème Reich. Ce ne sont pas là des fantasmes
germanophobes mais des faits que dénoncent d’ailleurs nos camarades
allemands qui savent que celui qui vous parle est un ami des
travailleurs allemands puisque les fondateurs du PRCF ont créé en 1991
le Comité Honecker de solidarité internationale. Oui, nous combattons
l’Allemagne des trusts qui domine arrogamment l’Europe, et oui, nous
révérons l’Allemagne progressiste de Bach et de Beethoven, de Brecht et
d’Anna Seghers ; et c’est avec cette Allemagne là que nous voulons
reconstituer, face à l’Axe Berlin-Paris du grand capital, l’Axe rouge
qu’incarnèrent jadis Maurice Thorez et Ernst Thälmann.
Car
pointer la montée de l’impérialisme allemand, principal vainqueur avec
Washington de la guerre froide, ne signifie en rien minimiser celui de
l’impérialisme français. Les classes dominantes de notre
pays ont une longue tradition de soumission à la réaction d’outre-Rhin.
Déjà, pour se défendre contre les Sans-Culotte, les aristocrates
français s’engageaient dans l’armée austro-prussienne pour combattre la
Révolution. Au moment de la Commune de Paris, dont le point de départ
fut le refus des ouvriers d’ouvrir Paris aux Prussiens, Thiers jura à
Bismarck que les prisonniers français libérs « ne seraient utilisés que
contre Paris ». Comme l’a montré Annie Lacroix-Riz, c’est dès le début
des années 30 que le patronat français, qui s’exclamait « plutôt Hitler
que le Front populaire ! », faisait le « choix de la défaite » dans le
but d’assoir en France un régime fasciste sous protectorat allemand. Les
ouvriers parisiens savent par ailleurs qu’après la grande grève
française de Mai 68, Pompidou et Helmut Schmidt s’étaient entendus sur
un « deal » par lequel la France renonçait à sa grande industrie –
mines, sidérurgie, textile, machine-outil – pour se recentrer sur la
finance et le tourisme. Bref, l’impérialisme français est prêt à porter
un coup mortel, non certes au « site France » comme producteur de
plus-value, mais à ce qui reste du « produire en France » ; pour
mondialiser ses profits, l’oligarchie « française » est prête à démolir
les bases culturelles et économiques de l’existence nationale du peuple
français. C’est pur dogmatisme, pur refus d’étudier les textes de
l’ennemi, que de ne pas lire le scandaleux « manifeste » patronal édité
par le MEDEF et intitulé « Besoin d’aire ». Tout y est sur la mort
programmée de la nation : la France n’est plus évoquée que comme ce
qu’il faut dépasser au profit de « notre nouvelle patrie, les Etats-Unis
d’Europe » ; la république une et indivisible issue de la Révolution
doit céder la place aux « territoires reconfigurés » : Alsace tournée
vers l’ « espace germano-suisse », Roussillon fusionnant avec la
Catalogne ex-espagnole, etc. Une nouvelle « langue pour l’Europe », le
business English succèderait à la langue de Victor Hugo. Tout cela dans
le but d’araser les acquis du « Conseil National de la Résistance »,
c’est-à-dire l’œuvre des ministres communistes de 1945 : conventions
collectives, droit du travail, Sécurité sociale, retraites par
répartition, service public, secteur industriel public… Combien
serions-nous coupables envers notre peuple et envers les autres peuples,
si par dogmatisme, méprisant l’héritage du PCF qui devint le premier
parti de France en 1945 à l’issue du combat patriotique, nous décidions
de fermer les yeux sur la stratégie antinationale du patronat français
qui vient encore de déclarer ces jours-ci, à l’adresse de Hollande, que
si l’accord scélérat sur l’emploi entre le MEDEF et la CFDT n’était pas
adopté tel quel au parlement, le MEDEF appellerait les investisseurs à
déserter le site France ! Oui, sans complexe et conformément aux
conseils de l’ultime congrès du Komintern, nous devons prendre en main
les deux drapeaux historiques du peuple français, le drapeau rouge de la
Commune et le drapeau de la Révolution française, la Marseillaise et
l’Internationale, non pour rallier les positions nationalistes, mais
tout au contraire, pour arracher s’il en est temps encore la nation aux
griffes de Marine Le Pen, et pour refaire
du patriotisme, clairement tourné contre l’UE et l’OTAN, le levier de
masse de la révolution socialiste dans notre pays !
Et c’est là aussi un service à rendre à
tout le mouvement progressiste mondial. Si en effet, après avoir démoli
l’héritage de Stalingrad et d’Octobre 17, la réaction mondiale, reniant
le passé révolutionnaire de la bourgeoisie, parvenait à dissoudre le
pays de Robespierre dans l’acide de l’Europe supranationale et l’Union
transatlantique, cela porterait un nouveau coup au mouvement
progressiste international. Nous communistes ne devons-nous pas, sur NOS
bases marxistes, défendre le meilleur des révolutions passées, ne
devons-nous pas reprendre, sur nos bases, l’héritage démocratique de
Garibaldi et des républicains espagnols, de John Brown et de Bolivar, de
Marti et de Sun Yat Sen, de Kossuth et de Dombrowski, des Chartistes et
de Connolly ? Comme le disait Lénine, « on ne peut devenir communiste
qu’après avoir enrichi sa mémoire de la connaissance de toutes les
richesses créées par l’humanité ». Nous sommes communistes parce qu’à
travers les dates clés de la Commune, d’Octobre, de Stalingrad, du 49
chinois, du 59 cubain, du 74 vietnamien, nous portons l’histoire de
toute l’humanité progressiste, avec esprit critique certes, mais sans
étroitesse pseudo-révolutionnaire.
C’est pourquoi, si modeste que soit
notre organisation, elle est fière de proposer une alternative qui
respecte l’histoire de notre pays et qui part du rapport des forces dans
lequel nous combattons aujourd’hui.
Confrontée à son projet de « sauf fédéral européen » que notre peuple
le rejette (voir le référendum de 2005 où le peuple français a dit non à
la constitution européenne), l’oligarchie voudrait prendre notre peuple
en tenaille entre l’UMPS, c’est-à-dire le bloc des partis
euro-constructifs de la droite et de la social-eurocratie, et ce que
nous appelons l’ « UM’Pen », c’est-à-dire le bloc en gestation de la
droite sarkozyste et de l’ultra-droite lepéniste. Aux premiers est
dévolue la mission de casser la France au nom d’un faux
internationalisme, aux seconds celui d’écraser le mouvement ouvrier au
nom d’une version raciste de la nation. Face à cela, libre au Front de
gauche de vitupérer le PS tout en adhérant comme lui à la mythique
« Europe sociale ». Libre aux trotskistes de refuser de défendre la
nation en abandonnant le produire en France, donc la classe ouvrière, à
la démagogie du FN. Libre à certains faux léninistes d’agiter
folkloriquement le drapeau rouge, tout en refusant de d’exiger la
ré-industrialisation planifiée du pays. Pour nous PRCF, qui connaissons
l’attachement des ouvriers à leur pays, la voie est claire : il s’agit
d’allier étroitement, sous le primat de la classe ouvrière, de l’union
des communistes, de la dénonciation de l’impérialisme français, du
soutien résolu aux travailleurs immigrés, de la solidarité anticoloniale
avec les communistes des DOM dans les formes qu’ils auront décidées, d’associer étroitement la lutte patriotique et antifasciste au combat de classe anticapitaliste.
Nous appelons tous les communistes de France, où qu’ils soient
organisés, à s’unir à la porte des usines pour former une Convergence
d’action communiste, socle potentiel d’un futur parti communiste ; c’est
dans cet esprit unitaire, sans classer les communistes en fonction du
fait qu’ils ont ou pas conservé leur carte au PCF, que nous
participerons aux Assises du communisme prévues en juin. Dans cet esprit
unitaire, nous saluons la présence ici-même de nos amis de Réveil
communiste, du Réseau communiste du Rhône et des sections PCF de
Vénissieux et de Douai, de la Gauche co, des Rouges Vifs-Paris
représentés par le camarade cheminot Jean Calvary. Pour sortir de
l’euro, de l’UE, de l’Otan et du capitalisme, unissons-nous dans
l’action indépendamment de la direction du PC-PGE !
De même soutenons-nous les efforts du Front syndical de classe,
et plus largement, de tous ceux qui font vivre en bas le syndicalisme
de classe de la grande CGT et des syndicats FSU, des syndicats qu’il
faut affranchir du mortifère « syndicalisme rassemblé » que pratique
l’état-major CGT au lieu de rompre avec les dirigeants jaunes de la CFDT
et de la Confédération européenne des syndicats.
Enfin, nous proposons à notre peuple la mise en place d’un Front de résistance antifasciste, populaire, patriotique et progressiste.
Centré sur le monde du travail, ce front s’étendrait à toutes les
couches sociales précarisées par l’UE ; il comprendrait, non seulement
des communistes, mais des républicains de progrès et des patriotes unis
sur les idées du Conseil National de la Résistance : indépendance
nationale, antiracisme, coopération internationale, nationalisation des
monopoles, progrès social, en ajoutant à ce socle, porté en 1945 par
Duclos et Frachon, la défense de l’environnement contre le tout-profit,
une politique d’égalité entre les sexes et de nouveaux traités
internationaux en rupture radicale avec la Troïka. Non seulement dans
les conditions actuelles ce front populaire et patriotique
ne nous éloignerait pas du socialisme, mais il nous en rapprocherait en
suscitant de durs affrontements de classes porteurs de vastes
répercussions internationales : dans les faits,
la sortie de la France de l’UE par la porte à gauche, indépendamment de
la social-démocratie et de l’UM’Pen, équivaudrait à l’explosion de l’UE
et de l’OTAN, à un intense affrontement avec une oligarchie mondialisée
qui, en rupture de gaullisme, ne se pense plus qu’à l’échelle
transatlantique. Bref, le débouché de ce front populaire
et patriotique ne serait pas on ne sait quelle étape intermédiaire
entre capitalisme et socialisme, comme certains sectaires invétérés nous
le reprochent sans bonne foi, mais la confrontation avec le capital à
l’initiative du bloc populaire avec en perspective clairement posée, la révolution socialiste.
Cette perspective serait cependant
privée d’avenir si elle ne disposait de solides appuis internationaux.
C’est pourquoi je termine en esquissant ce que nous espérons du
mouvement communiste international.
III – Pour une nouvelle étape du Mouvement communiste international
a) Le MCI menacé par la droite
Comme il a été dit tout à l’heure, le
MCI a été principalement détruit par l’opportunisme de droite, ce fils
du révisionnisme des années soixante et de l’eurocommunisme des années
70-80, à l’époque où Carrillo et Berlinguer se liguaient contre le PC
portugais de Cunhal, puis, avec l’aide intermittente du PCF, faisaient
bloc contre le PCUS. Je ne ferai pas l’injure aux communistes présents
de dire que nous, PRCF, avons rompu tout lien depuis longtemps avec la
direction du PCF qui coïncide désormais avec celle du Parti de la Gauche
Européenne, cette courroie de transmission de Bruxelles. Si nous nous
adressons « en bas », comme il se doit, aux militants sincères du PCF,
ce n’est pas parce que nous cultiverions l’illusion de « remettre le PCF
sur les rails de la lutte de classe ». La mutation social-démocrate du PCF-PGE est irréversible,
dire le contraire serait préparer de nouvelles déceptions. Mais pour
autant nous ne rejetons pas avec morgue les communistes authentiques
qui, à l’intérieur du PCF et des J.C., refusent d’abandonner la faucille
et le marteau. Ces camarades, qui tiennent comme nous, et souvent,
mieux que nous nombre de front sociaux, méritent estime et propositions
d’action et non pas condamnation ex cathedra. Nous considérons comme un
grand pas en avant le texte que diffusent aux usines en lutte le réseau
communiste du Rhône, le PRCF, la Gauche co, Réveil co, etc..
C’est pourquoi le PRCF a hautement apprécié la rencontre de Madrid
qui, à l’invitation du PCPE, a débouché sur l’appel de plusieurs
organisations communistes espagnole, grecque, italienne et françaises,
pour sortir de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et du capitalisme dans une
seule dynamique. Si divergence il y a, entre ceux qui veulent agir en
commun sur ces bases, il ne saurait s’agir de notre point de vue d’un
différend antagonique autorisant le boycott ou l’exclusive. Au
contraire, dans la droite ligne de La maladie infantile de Lénine, la politique révolutionnaire des « quatre sorties » commande l’audace et exclut l’étroitesse.
Une politique léniniste, ce n’est pas une politique d’isolement, c’est
une politique de large front visant à isoler l’ennemi principal pourvu
que soit menée à tout instant la lutte pour la direction du front par la
classe ouvrière et ses représentants politiques, les communistes. Comme
le disait Lénine à l’adresse des prétendus communistes de gauche, qui
confondaient communisme et sectarisme et qui plus tard, refuseront avec
Bordiga d’activer de larges alliances antifascistes.« … il n’est pas possible d’ignorer que toute l’histoire du bolchévisme, avant et après la Révolution d’Octobre, abonde en exemples de louvoiements, d’ententes et de compromis avec les autres partis, sans en excepter les partis bourgeois ».
Nous pensons même qu’à l’heure où l’Europe se fascise à vue d’œil, où les néo-nazis paradent, où des opportunistes et des sociaux-démocrates relookés en « nouvelle gauche » cultivent l’illusion de l’euro au service des peuples, le meilleur service à rendre au national-fascisme d’une part, à l’euro-opportunisme de l’autre, serait pour la classe ouvrière de ne pas prendre la tête des luttes pour la souveraineté de la nation, le tout dans la perspective clairement affichée du socialisme-communisme.
Tout cela appelle un débat ouvert, serein et argumenté au sein du MCI. Du moment qu’on est d’accord sur le léninisme et qu’on agit ensemble sur les « 4 sorties » (euro, UE, OTAN, capitalisme), il serait absurde de traiter des différends tactiques comme des antagonismes. Alors, à l’échelle internationale, nous reprenons les mots d’ordre de Thorez qui préludèrent au Front populaire et reçurent l’accord enthousiaste du Komintern : « Que les bouches s’ouvrent ! », « pas de mannequins dans le parti » et, ajouterons-nous, pas de langue de bois dans le mouvement communiste international.
Concernant la recomposition du Mouvement communiste international et de son noyau dur, le bloc des partis léninistes, nous ne ferons preuve d’aucune originalité en demandant qu’une lutte dure y soit menée contre le PGE, que la défense du marxisme-léninisme devienne l’affaire de tous ceux qui TRAVAILLENT au progrès de la théorie révolutionnaire. Nous proposons aussi de travailler sur ce que signifie hériter en communistes de l’histoire communiste. Il ne s’agit pas selon nous de demander à chacun de s’aligner sur une explication clé en mains de la contre-révolution. Nous avons pour notre part des éléments d’explication à proposer, mais nous ne les posons pas en préalables aux discussions. Il nous semble essentiel de constater que l’expérience née d’Octobre 17 et fortement relancée par Stalingrad et par ses suites, était bel et bien, acquis et défauts inclus, une expérience socialiste dont le bilan historique est aussi positif qu’est négatif le bilan de la destruction contre-révolutionnaire du socialisme. Nous pensons qu’il faut se poser en continuateurs de cette expérience, qu’il faut à son égard user de ce que Lénine appelait l’ « assimilation critique de l’héritage » en évitant l’idéalisation et la diabolisation qui sont deux manières de nier les contradictions et de refuser de tirer les leçons qui permettront de relancer l’idéal communiste dans la jeunesse.
Mais la théorie n’est pas tout : pour relancer la dynamique du MCI, il faut aussi activer davantage ce que nous appellerions les « travaux pratiques de l’internationalisme ». Nous entendons par là :
* Relancer
en permanence la solidarité politique avec Cuba socialiste, avec les
Cinq embastillés aux Usa, pour la levée du blocus et la restitution de
Guantanamo à Cuba ;
* Défendre le droit de
la RDPC à la souveraineté et à l’option socialiste en exigeant le départ
des troupes US de la péninsule coréenne ;
* Activer
une campagne mondiale de solidarité avec les communistes des ex-pays
socialistes persécutés; soutenons aussi nos camarades de l’ex-URSS qui
portent le projet de renaissance de l’URSS alors que les sondages
montrent que le peuple russe juge, expérience faite, que « c’était mieux
avant » ; soutenons les communistes de l’ex-Yougoslavie qui continuent
le combat de la Résistance pour une fédération yougoslave unie et
socialiste. Plus largement, défendons partout les victimes de la
réaction, à l’exemple de Mumia Abu-Jamal qui, du fond de sa prison, ne
cesse de soutenir les résistances anti-impérialistes de par le monde
* Refuser
les guerres impérialistes quelque pays qu’elles ciblent en se souvenant
que l’impérialisme est l’ennemi principal des peuples ; pour le reste,
défendons comme Lénine le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et
dans ce cadre, soutenons partout les forces les plus conséquentes ;
c’est ce que nous faisons en Palestine où nous soutenons tous les
patriotes, tout en privilégiant les marxistes du FPLP
*
Soutenir les luttes prolétariennes dans le monde, de Changaï au
Bangladesh, des métallos de la FIAT aux ouvriers roumains de Renault en
passant par Aulnay, Prestalis, Good Year, tout en ciblant l’euro et
l’UE ;
refuser les campagnes mensongères sur les « droits de l’homme » qui n’ont pour but que de promouvoir les « agents oranges » de l’ingérence occidentale
refuser les campagnes mensongères sur les « droits de l’homme » qui n’ont pour but que de promouvoir les « agents oranges » de l’ingérence occidentale
* En
France, la poursuite jusqu’au bout de la décolonisation, y compris dans
les DOM, est une condition de survie pour la nation et inversement,
c’est seulement avec une nouvelle République sociale, souveraine et
fraternelle que pourra s’effectuer l’intégration citoyenne des immigrés
et la construction de nouveaux traités progressistes permettant à notre
pays de commercer équitablement avec tous les continents, à commencer
par l’Afrique.
* Enfin n’oublions pas la résistance culturelle et linguistique car une hégémonie culturelle progressiste, pour parler comme Gramsci,
ne se construit pas dans la passivité par rapport à l’importation
forcée sur les cinq continents d’une novlangue appauvrie et d’une pensée
politique d’une pauvreté insigne, le néolibéralisme.
Un dernier point cependant : pour
relancer le MCI en l’absence, pour l’instant, d’une nouvelle grande
révolution prolétarienne, il faudra selon nous beaucoup de tact
politique, y compris entre léninistes. Comme je l’ai dit à Madrid, nous
avons par ex. affaire à un même processus continental
d’euro-balkanisation des Etats. Cela nous rend solidaires de nos
camarades des pays voisins de la France. Ce serait une catastrophe pour
nos travailleurs que la Belgique, l’Italie ou l’Espagne éclatent et que
nos luttes nationales respectives cèdent la place aux querelles internes
à chaque Etat balkanisé. Inversement, si la France se décomposait en
euro-régions rivales dépeçant les acquis obtenus dans le cadre national,
ce serait grave pour nos voisins. Cependant les choses ne sont pas
simples justement parce que nous avons des histoires nationales
différentes. Par exemple traditionnellement, l’Italie et l’Espagne sont
plus décentralisées que la France qui s’est construite dans un effort
millénaire de centralisation. Chez nous traditionnellement, la gauche
républicaine est jacobine, la droite est régionaliste. En Espagne au
contraire, les franquistes étaient centralisateurs et niaient les
nationalités non castillanes. Même si nous poursuivons le même but,
l’union mondiale des république socialistes, nous ne pouvons pas avoir
strictement les mêmes « itinéraires » politiques au nord et au sud des
Pyrénées. Nous avons des mots d’ordre différents à formuler pour
atteindre le même but. Ce n’est pas en niant les particularités
nationales, que l’on fabriquera de l’international, c’est en articulant
ces différences au sein d’un projet communiste commun, bref en étant
fidèle à l’esprit du matérialisme dialectique qui rappelle qu’« … il
n’existe pas de vérité abstraite, la vérité est toujours concrète ».
Conclusion:
Chers camarades, l’examen décontracté
des points d’accord et de divergence, il ne devrait y avoir rien là que
de naturel entre révolutionnaires. Le PRCF défend pour sa part, non
dans ses attendus datés, mais dans ses orientations cardinales, la ligne
de principe qui fut celle de l’IC au 7ème congrès de 1937. En France,
le petit PRCF devient incontournable, c’est un fait qu’a encore attesté
récemment le rassemblement du 2 février place de Stalingrad. Nous ne
nous prenons pas pour meilleurs que d’autres et nous avons conscience de
nos insuffisances. Nous voyons, et nous en sommes heureux, que nos
camarades de Vénissieux ou de Douai ont un meilleur ancrage ouvrier que
nous, que les rouges vifs de Paris sont ancrés dans le syndicalisme de
classe, qu’il faut et faudra de tout pour faire revivre un vrai PCF, qui
bien qu’aujourd’hui dénaturé par le PC-PGE, reste la chair et le sang
de notre peuple. Mais sans le PRCF, sans son ancrage dans la Résistance
d’hier et d’aujourd’hui, sans sa force de proposition stratégique et
théorique, je le dis sans fausse modestie, ce parti communiste de France
dont le MCI a besoin, ne renaîtra pas. Mais l’unité est un combat
contre ce qui divise les communistes, que ce soit l’opportunisme ou le
sectarisme. La crise politique s’aggrave, une issue réactionnaire est
programmée dans notre pays si nous refusons de prendre à temps des
risques unitaires mesurés. Nous avons donc tous d’énormes
responsabilités devant le MCI, devant les ouvriers et les démocrates de
France. Puisse cette conférence, que nous n’opposons nullement aux
Rencontres internationalistes de Vénissieux ni aux efforts du collectif
Polex, nous aider à forger une Convergence d’Action Communiste en France
en dehors de l’influence social-démocrate et mutante. Communistes du
monde, nous avons besoin de vous en ces temps incertains. Le peuple
français a beaucoup apporté au communisme, de Babeuf à la Commune en
passant par l’engagement anticolonial du PCF. Aujourd’hui une partie des
ouvriers gravement désorientée est tentée par le FN, qui feint de
défendre la nation pour mieux la déshonorer. C’est pourquoi les
communistes français doivent aider si peu que ce soit à reconstituer un
MCI AGISSANT et inversement, sans mégoter et en nous prenant tels que
nous sommes, le MCI doit nous aider à faire renaître un grand PCF digne
de son passé. Camarades, pour terminer cette intervention,
Que
viva la lucha de la clase obrera ! Peoples of Europe, rise up !
Vorwärts, und nie vergessen die Solidarität ! Slava KPSS y novoie
Sovietski Soyouz ! Patria o muerte, socialismo o morir, no pasaran ! E
ora, e ora, potere a chi lavora! Et surtout,
Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde, unissons-nous!
Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde, unissons-nous!
Et, comme
l’avaient écrit sur leur drapeau les Sans Culotte qui venaient
d’arracher à la Convention bourgeoise, le 4 mai 1793, il y a tout juste
220 ans aujourd’hui, le blocage des prix et la suspension du libre
marché du pain,
« Liberté, égalité, fraternité, souveraineté du peuple, ou la mort ! »
VENCEREMOS ! we shall overcome ! NOUS VAINCRONS !
VENCEREMOS ! we shall overcome ! NOUS VAINCRONS !
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