mercredi 6 février 2013

STALINGRAD, ALLOCUTION DE GEORGES GASTAUD

70e Anniversaire de la Victoire de STALINGRAD
ALLOCUTION DE GEORGES GASTAUD
au rassemblement du 2 février 2013, Paris, 70ème anniversaire de Stalingrad



Messieurs les ambassadeurs, amis et camarades étrangers et français,
Je m’exprime au nom du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) qui, avec d’autres forces que je salue, a joué un rôle déterminant dans cette commémoration solidaire et combative.
 
Bien des choses ont été dites, aujourd’hui, sur ce tournant majeur de la guerre que fut la victoire de Stalingrad, cette bataille digne de Marathon et de Valmy, qui décida du sort de l’humanité et qu’on voudrait aujourd’hui, si j’ose dire, nous présenter comme un « point de détail de la seconde guerre mondiale ».

Si Stalingrad est si peu honorée chez nous, au point que vous découvrirez tout à l’heure la stèle dérisoire que la bourgeoisie parisienne a érigée sur cette place en l’honneur des héros soviétiques, c’est parce que ce nom, et tout ce qu’il évoque de souffrance et de gloire, contredit violemment l’amalgame odieux qu’on inculque aujourd’hui aux écoliers au mépris de la vérité en présentant l’URSS et le Troisième Reich comme deux versions du même totalitarisme, quitte à occulter les contenus de classes opposés des deux régimes qui s’affrontèrent sans merci de Stalingrad à Berlin en passant par Koursk et Leningrad.
 
Dénoncer l’amalgame odieux URSS=Hitler, c’est d’abord refuser que l’on mette sur le même plan l’exterminisme méthodique de la Wehrmacht et l’héroïsme des ouvriers et des paysans soviétiques, mais aussi des bolcheviks et des Komsomolets qui formaient l’ossature socio-politique de l’Armée rouge. C’est refuser qu’en criminalisant le communisme historique, on n’interdise les révolutions à venir tout en banalisant le fascisme : car l’extrême droite raciste relève aujourd’hui partout la tête dans cette lugubre Union européenne où, pour promouvoir le nouvel Empire patronal piloté par Berlin, l’on n’hésite plus à réhabiliter Mussolini et à valoriser les sanglantes divisions SS des Pays baltes.
 
Dénoncer l’amalgame, c’est aussi refuser que l’antisoviétisme à retardement ne serve aujourd’hui d’alibi pour encercler militairement la Russie, refouler les « BRICS », recoloniser de fait les pays de l’Est et du Sud, diaboliser la Chine, étrangler Cuba, dépecer l’un après l’autre les Etats-membres de l’UE.
 
Dénoncer l’amalgame, c’est aussi refuser l’OTAN qui, prétendument constituée pour contrer le camp socialiste, s’est renforcée et étendue vers l’Est après la chute de la RDA, en voyant l’occasion venue pour l’impérialisme américain et ses satellites de satelliser les ex-pays socialistes d’Europe, de surexploiter leur main d’œuvre pour briser la classe ouvrière occidentale, de déstabiliser la Biélorussie attachée à ses acquis populaires, d’encercler la Russie à travers un dense réseau de bases américaines abritées sous le prétendu « bouclier » antimissile de l’OTAN.
 
Mais célébrer Stalingrad porte aussi une signification d’avenir pour tous ceux qui veulent bâtir une société sans exploitation ni oppression.
 
Car, ce que les Russes appellent toujours la Grande Guerre nationale et patriotique fut l’occasion de montrer ce que peut, pour le progrès de l’humanité, l’alliance du socialisme et du patriotisme. La Guerre patriotique a en effet permis de souder l’élan révolutionnaire des bolcheviks à l’engagement patriotique des peuples soviétiques et c’est à travers la cause victorieuse de l’antifascisme que le noble peuple russe s’est élevé au sommet de l’histoire mondiale quand le soldat rouge a hissé le drapeau frappé de l’Etoile et des outils au fronton du Reichstag vaincu.
 
En France, sitôt la bataille de Stalingrad gagnée le 2 février, De Gaulle adressait au PCF clandestin une lettre datée du 10 février 43. Il s’agissait d’unir la « France libre » à la guérilla engagée par la Résistance communiste dès 1940, Léon Landini ici présent en témoigne. De Gaulle voyait bien que la résistance communiste était de loin la plus active en France, des Maquis de Corrèze aux grèves minières du Nord, de la bataille du Rail aux sabotages des métallos parisiens. Peu de temps plus tard, grâce au sens politique de Jacques Duclos, relayé par Pierre Villon, et avec le plein appui de Jean Moulin, naissait le CNR puis son programme intitulé Les Jours heureux. Dans la lignée de l’alliance stratégique mondiale dessinée par Stalingrad entre le combat social et la lutte patriotique, le programme du CNR appelait à nationaliser les monopoles capitalistes, à créer la Sécu et les retraites par répartition. Ce programme trouva un début de concrétisation entre 45 et 47, à l’époque où Thorez, Croizat, Marcel Paul, Wallon, Joliot, Tillon, Billoux, impulsèrent les avancées progressistes que le MEDEF veut aujourd’hui briser.
 
C’est pourquoi, à l’heure où notre France, celle des travailleurs et des Communards chantée par Ferrat, se désagrège dans l’acide sulfurique de l’Europe fédérale des régions, de la casse sociale, du tout-anglais impérial, de la désindustrialisation et de la relégation des ouvriers, nous portons ici fièrement l’alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore que traduisait l’appel communiste Duclos-Thorez du 10 juillet 40, qui s’achevait sur cette exhortation ô combien actuelle : « … jamais, non jamais, le peuple de France ne sera un peuple d’esclaves ».
 
Alors oui, honneur à Stalingrad, dont la mémoire vive permet aux communistes du PRCF, du CISC, de la Gauche Co, du Réseau communiste du Rhône, de Réveil communiste, de la section PCF de Douai, du Rassemblement des cercles communistes, de Combat communiste, de plusieurs organisations et militants du PCF, d’agir côte à côte pour, aujourd’hui, refuser la criminalisation de notre histoire, et pour demain, nous l’espérons vivement, mener ensemble la grande campagne contre l’OTAN et contre la dictatoriale Union européenne, une campagne commune absolument nécessaire pour rendre l’espoir à notre classe ouvrière en lutte, de Renault à Good Year, de PSA à Florange, sans oublier les agents de la fonction publique.
 
Car face à l’austérité et à la casse industrielle, face aux guerres impérialistes et néocoloniales incessantes, face à la mise sous tutelle de peuples entiers, le combat de Stalingrad continue sous mille formes dans tous les pays pour relancer le progrès social, rétablir la souveraineté des nations et défendre le droit de construire le socialisme comme le font nos amis cubains.
 
Honneur à Stalingrad, dont le souvenir permet aussi aux patriotes communistes, mais aussi aux progressistes du M’PEP, des Clubs Penser la France et aux Gaullistes de gauche ici présents d’agir pour que naisse un nouveau CNR porteur d’alternative pour notre pays.
 
Honneur à Stalingrad qui permet aussi aux communistes grecs du KKE, à ceux du PADS, de l’ABW-KPD, du comité Thälmann, aux Espagnols Républicains, de faire vivre à nos côtés, l’internationalisme et la lutte anti-impérialiste.
 
Honneur à Stalingrad qui nous permet de saluer le peuple russe, le peuple biélorusse, le peuple turkmène, qui ont perdu trente millions des leurs pour abattre l’hitlérisme, le pire danger exterminateur que l’humanité ait jamais connu.
 
Aujourd’hui, la Bête immonde de l’impérialisme, de la fascisation, de la décomposition des nations, de l’exploitation sans limite, a changé d’allure mais non de nature. Alors à nous tous d’entendre, au présent, le message d’unité combative de Stalingrad, qui fut aussi celui de Thälmann, de la Pasionaria, des FTP et du CNR ! A nous de clamer à nouveau, dans les conditions d’aujourd’hui, « No pasaran ! », à nous de dire à nouveau, en français et en russe « tout pour l’unité, tout pour la victoire, « Всё за единство, всё за победу! », et en allemand : Proletarier aller Länder, Völker der Welt, vereinigt euch !, prolétaires et peuples opprimés, unissons-nous !
 
Alors seulement, Messieurs les ambassadeurs, camarades et amis étrangers et français, nous serons dignes des millions de Soviétiques qui moururent en URSS pour écraser les fauteurs de fascisme, de réaction sociale et de guerres impérialistes.

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