lundi 15 juin 2009

journée intersyndicale du 13 juin 2009: Battre les naufrageurs pour éviter le naufrage et repartir à la reconquête

Pôle position/ Réflexions de la commission luttes du PRCF
sur la journée intersyndicale du 13 juin 2009.
 

Battre les naufrageurs

pour éviter le naufrage et repartir à la reconquête
 
Comme le PRCF et ses militants syndicaux l’avaient dit depuis le début, la pseudo-« stratégie » des états-majors syndicaux alignés sur Chérèque et sur la Confédération européenne des syndicats ne pouvait que mener le mouvement populaire français dans une impasse. Après le demi-succès du 1er mai (au regard des enjeux sociaux), après le bide organisé du 26 mai, les manifestations sans grève, un samedi après-midi, du 13 juin ont été un échec, même s’il faut saluer les salariés qui s’y sont rendus courageusement sans avoir, pour la plupart, d’illusions sur leur succès.
 
Ainsi, depuis des mois, et même depuis des années (les temps forts ont été les grèves de cheminots de 1995, les grèves de la fonction publique en 2003, l’insurrection citoyenne de la jeunesse en 2006 contre le CPE et, cet hiver les immenses manifs et les grèves dures avec séquestration de patrons dans le privé), les travailleurs crient « tous ensemble » et même « tous ensemble ET EN MEME TEMPS », ils scandent « grève générale », ils affirment dans tous les sondages qu’une majorité large d’entre eux est prête à la grève générale jusqu’à obtenir satisfaction (si bien sûr ils sentaient du « répondant » dans les états-majors) et on leur répond mouvements séparés dans les différentes corporations, ou grosses manifs interpro mais trop espacées, le plus souvent sans mots d’ordre de grève clairs (Thibault a même osé déclarer en 2003 que « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays »), refus absolu d’organiser une vraie PREMIERE grève interpro de 24 heures, avec appel partout à se réunir sur le tas pour décider de la suite. On ne met en avant aucune plate-forme syndicale claire CHIFFRANT les revendications, exigeant le relèvement substantiel des salaires, notamment des petits et moyens, interdiction des licenciements et des délocalisations avec au besoin nationalisation démocratique des entreprises licenciant après avoir touché des fonds publics, annulation des suppressions massives de postes d’enseignants, d’infirmières et de fonctionnaires, abrogation des lois scélérates qui cassent la Sécu, les retraites, le droit du travail, la réglementation du SMIG et du temps de travail, etc., refus total des multiples directives européennes dictatoriales qui organisent la casse des acquis sociaux et des services publics, etc.
 
Au contraire, MM. Chérèque, Thibault, Mailly, Aschiéri, courent aux « négocations » bidon avec ce gouvernement qui détruit le droit de grève et les libertés syndicales, qui n’entend que les patrons et qui, après plusieurs millions de manifestants salariés dans les rues, n’a entendu que les « revendications » de Parisot demandant le travail du dimanche et l’abrogation de fait du SMIC ! Pire, les très fortes mobilisations de nos compatriotes des DOM-TOM n’ont même pas donné lieu à un meeting intersyndical de soutien en métropole ; quant à l’admirable lutte des chercheurs, étudiants et universitaires contre le démontage de l’université et la casse des concours de l’enseignement, elles ont tout bonnement été ignorées et méprisées par les bonzes syndicaux et par leurs petits frères socialo-dépendants de l’UNEF euro-alignés. Ne parlons pas des ouvriers du privé qui ont été laissés tout seuls, de Conti aux équipementiers automobiles, la fédération CGT de la métallurgie (proche de Thibault) refusant même d’organiser une manifestation nationale de l’automobile proposée par de nombreux syndicats. Enfin, cerise sur le gâteau, alors que le patronat et le gouvernement répriment le syndicalisme de lutte, c’est à une véritable chasse aux sorcières syndicales que s’est livrée la confédé CGT en attaquant, à Douai notamment, les syndicalistes comme Jacques Leclercq qui refusaient de s’aligner sur l’orientation défaitiste et européiste de la CGT confédérale.
 
C’est qu’en réalité, depuis des années, l’état-major de la CGT et celui de la FSU, les deux principales organisations de masse issues du syndicalisme de lutte, n’ont cessé, dans la foulée des reniements du PCF en « mutation », de donner des gages d’assagissement au syndicalisme d’accompagnement euro-formaté représenté par la C.E.S., cette courroie de transmission de l’Europe maastrichtienne qui a appelé à voter oui à la constitution européenne et dont le président, John Monks, demande aux syndicalistes de « sauver le capitalisme de lui-même ». On a même gaspillé et dévoyé le mécontentement social cet automne en faisant défiler les syndicalistes CGT, avec leur drapeau rouge, sur le piteux mot d’ordre CES « pour un travail décent ». Pendant que l’on casse l’emploi industriel en France, que l’on démonte tous les acquis sociaux nationaux hérités du Front populaire, de la Résistance et de 1968, la CGT-Thibault ne dit pas un mot contre cette Union européenne dont le dogme central, qui détruit toute notre industrie et déclasse toute notre classe ouvrière, est que « l’UE est une économie de marché ouverte sur le monde ». Au lieu de défendre les acquis nationaux de chaque pays pour chercher l’alignement par le haut, on nous promet mensongèrement « l’Europe sociale » qui est le dogme commun de Chérèque, Thibault, Mailly et même de SUD, mais aussi de leurs amis « euroconstructifs » du PS, des verts, du « Front de gauche » et des euro-trotskistes du NPA et de LO comme si quoi que ce soit de positif pour les peuples était jamais venu de Bruxelles !
 
Face à cette stratégie défaitiste dont le vrai but, à demi avoué par Sarko et Fillon qui félicitent les dirigeants syndicaux pour leur « responsabilité », est d’USER le mouvement social et d’EVITER l’affrontement de classes GAGNANT avec Sarko-MEDEF et l’Europe, le gouvernement s’apprête à renforcer sa politique de « rupture » avec ce qu’il appelle avec mépris « l’exception française », c’est-à-dire l’héritage républicain de la Révolution française et le legs social du Conseil national de la Résistance, dans le but d’aligner à 100% la France sur l’inhumain « modèle » (sic) anglo-saxon qui a fait de l’Angleterre et des Etats-Unis des jungles sociales.
 
Mais le pouvoir et ses « amortisseurs » syndicaux n’ont pas partie gagnée. D’abord de nombreux syndicalistes de classe voient de plus en plus clair sur le suicide syndical que leur propose Thibault et Aschiéri, qui piétinent les traditions combatives de la CGT et de la FSU pour cultiver une « unité » avec le jaunissant Chérèque, le « syndicaliste » favori du MEDEF. Dans de nombreuses structures syndicales, la fronde grandit contre ceux qui n’usurpent la référence à la CGT que pour préparer sa fusion, d’abord idéologique, puis organisationnelle, avec la CFDT, de manière à parfaire la mainmise de la CES sur le syndicalisme français.
En outre, il y a une maturation générale de la classe laborieuse et de la jeunesse de France sur la question européenne : déjà 72% des ouvriers, 65% des employés et 62% des moins de 25 ans avaient voté non à la constitution européenne. Cette méfiance profonde envers l’intégration européenne qui désintègre la France et sa classe ouvrière s’est approfondie avec les 60% d’abstention –72% chez les moins de 25 ans et 64% chez les ouvriers !- aux élections européennes, auxquelles s’ajoutent plus d’1 million de bulletins nuls et blancs. En réalité, les sarko-amortisseurs Chérèque, Thibault, Mailly et Aschiéri, ont de plus en plus de mal à « vendre » leur Europe sociale et leur stratégie défaitiste.
 
Reste à reconstruire un véritable syndicalisme de classe. Celui-ci a besoin de l’intervention de tous les vrais communistes, non pour chapeauter ou « noyauter » le mouvement syndical de classe, mais pour l’aider à se reconstruire en défendant l’indépendance syndicale, aujourd’hui lourdement menacée par l’Europe, par le patronat et par le gouvernement (lois sur la représentativité syndicale assurant un monopole de fait aux confédérations « assagies »), et aussi par l’anticommunisme des dirigeants confédéraux qui ne cessent d’agresser Cuba et le communisme historique dans leurs publications. Les salariés ont besoin de syndicats qui ne soient plus euro-formatés, sarko-domestiqués et parisot-blablateurs mais qui soient 100% DEPENDANTS des intérêts du monde du travail.
 
C’est cette indépendance par rapport au gouvernement, à l’Europe et aux patrons que, dans le total respect de la démocratie syndicale et ouvrière, le PRCF aidera de tous ses modestes moyens, le mouvement syndical de classe à reconquérir car il y va de l’avenir de la classe ouvrière, de l’intérêt national, et de la montée en puissance d’une véritable Europe des luttes non pas pour l’Europe sociale, mais CONTRE l’euro-dictature patronale de Bruxelles.

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